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En souvenir de l’agent Eric Czapnik, 10 ans après
POUR DIFFUSION IMMÉDIATE : le vendredi 27 décembre 2019, 13 h 10
Ottawa – En cette période des Fêtes, nous soulignons le dixième anniversaire du décès de notre confrère, l’agent Ireneusz « Eric » Czapnik (né le 26 mai 1958 et mort le 29 décembre 2009).
L’agent Czapnik était en service aux petites heures du 29 décembre 2009, enquêtant sur une agression. Après avoir accompagné la victime au Campus Civic de l’Hôpital d’Ottawa, l’agent Czapnik demeura à l’extérieur de l’entrée de l’urgence pour rédiger son compte-rendu à l’ordinateur de bord de son auto-patrouille. Il fut accosté par un individu qui le poignarda. Malgré les efforts du personnel médical et des paramédics, l’agent Czapnik, âgé de 51 ans, succomba à ses blessures peu après l’attaque.
L’agent Ireneusz « Eric » Czapnik était un fier Canadien d’origine polonaise qui aimait sincèrement échanger avec le public et servir la collectivité. Arrivé au Canada en 1990, l’agent Czapnik se joignit au Service de police d’Ottawa en avril 2007, suivant les traces de son père, qui fut policier durant 30 ans en Pologne. Il était marié et père de quatre enfants – trois fils et une fille.
Nous souhaitons profiter de l’occasion pour faire part d’une déclaration faite par sa veuve, Anna Korutowska.
« Dix ans après sa mort, nous continuons à nous rappeler Eric — il était un grand policier qui aimait sa famille, une grande personne. Nous célébrons sa vie et nous sommes en deuil, » a déclaré le chef Peter Sloly. « Le 29 décembre sera une journée éprouvante pour ceux qui répondirent à l’appel et pour les proches d’Eric. C’est là un rappel des dangers rencontrés au sein de cette profession. Anna et les enfants d’Eric pourront toujours compter sur notre appui et se trouveront toujours en famille au sein du Service de police d’Ottawa. »
« Alors que l’année tire à sa fin, il est naturel que l’on se remémore le passé et qu’on envisage l’avenir. En ce dixième anniversaire de la mort de notre confrère Eric Czapnik, nous songeons à la précieuse nature d’une vie, à comment elle peut être dérobée, en un instant, dans le noir. Nous rendons hommage au sacrifice d’Eric, et auprès de sa famille, nous évoquons son affection envers ses confrères et consœurs », a déclaré Matt Skof, président de l’Association des policiers d’Ottawa.
Nous savons que notre collectivité saura, ce dimanche, accorder une place dans leurs pensées à la famille et aux amis d’Eric.
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À noter: Anna Korutowska n’entend faire aucun autre commentaire auprès des médias et elle prie les média et le public de bien vouloir respecter son intimité et celle des membres de sa famille.
Contact :
Relations avec les médias
Téléphone : 613-236-1222, poste 5366
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Déclaration par Anna Korutowska
Dix ans après, je ne peux m’empêcher de repenser au parcours de ma famille depuis le décès prématuré d’Eric. Pendant un an ou deux, les choses furent très difficiles. J’étais bouleversée par mes émotions — la tristesse et le deuil — à chaque mention d’Eric, mes yeux se remplissaient de larmes. Au fil des ans, mes réactions se sont atténuées, mais pas tout le temps.
Même si dix ans se sont écoulées, il reste toujours au fond de moi de très vives émotions. J’aimerais brièvement vous faire part de notre histoire à nous, Eric et moi. Nous sommes tous deux des immigrants polonais, chacun arrivé au Canada vers le début des années 1990. À l’époque, Eric immigra au Canada avec sa famille, soit son épouse et leurs trois jeunes enfants, et j’arrivai à l’âge de 19 ans pour étudier l’anglais et le français. Malheureusement, le premier mariage d’Eric ne survécut pas en nouvelle terre, et il se retrouva célibataire, le cœur brisé, et déprimé.
Il aura fallu un peu d’amour coriace, beaucoup de soin de lui-même et quelques bonnes années pour qu’Eric parvienne à accepter la dissolution de sa famille. Sa première épouse et ses enfants déménagèrent dans la région de Toronto, ses visites auprès de ses enfants n’avaient donc lieu que durant les congés scolaires, et à mesure qu’ils grandissaient et qu’ils se tenaient occupés, qu’ils décrochèrent leurs premiers boulots et leurs premières relations amoureuses, ils étaient de moins en moins enclins à passer voir leur père à Ottawa. À cette époque, je venais d’avoir trente ans et j’avais renoncé à l’idée de trouver l’amour, décidé de me concentrer sur ma carrière, d’explorer le monde, de profiter de la vie et, vers l’âge de 35 ans, d’adopter un enfant. Ah, mais le Seigneur en avait décidé autrement. J’ai connu Eric lors d’un rendez-vous arrangé par un ami commun. Nous nous sommes fréquentés, ensuite fiancés dans les six mois, puis mariés peu après. Nous avons acheté ensemble un nouveau logis, et trois ans plus tard, notre fils, Anthony, est né. Animé d’une nouvelle joie de vivre, Eric me confia qu’il avait toujours rêvé d’exercer le métier de policier, comme son père l’avait fait pendant trente ans en Pologne. Un peu surprise au départ, je réalisai vite, à mon humble avis, qu’il était le candidat idéal.
Eric était d’une taille imposante, d’une grande honnêteté, fiable, vaillant, et il respectait l’autorité et s’y pliait. J’ai toujours été d’avis que toute passion et tout rêve peut se réaliser à l’aide d’un travail acharné et d’un brin d’encouragement. À près de 49 ans, Eric devint l’agent de police embauché à l’âge le plus avancé à Ottawa. Au début, il était inquiet et timide, se retrouvant à côtoyer des gens bien plus jeunes que lui et qui étaient ses supérieurs ou ses collègues forts de bien plus d’années d’expérience policière.
Il va sans dire qu’il s’intégra rapidement à son nouveau milieu et fit bientôt partie de la famille en bleu. Eric reçut le sobriquet « Pickle » (cornichon), en lien avec la boisson de prédilection de notre patrie, un doigt de vodka bien glacée, suivi d’un cornichon. Il fit connaître cette tradition aux divers camarades formant son peloton lors d’une soirée où ils partageaient entre eux les récits de leurs origines et de leurs coutumes.
Ce soir fatidique de décembre, Eric fut dépêché sur les lieux de ce que l’on crut d’abord une introduction par effraction dans une bibliothèque, mais qui s’avéra plutôt une violente agression. Eric se rendit à toute vitesse à l’hôpital à la suite de l’ambulance transportant la victime. Il était assis à bord de son auto-patrouille près de l’entrée de l’urgence de l’hôpital, en train de rédiger un compte-rendu de l’agression lorsqu’il fut accosté par un ex-policier mécontent vêtu en détective.
L’homme tenta de s’emparer du pistolet d’Eric, et ce faisant, blessa très gravement Eric avec un couteau. Malgré sa blessure, Eric n’abandonna jamais son arme. Tragiquement, il mourut à l’hôpital un peu plus tard, après avoir couru tout seul jusqu’à la salle d’urgence.
Après près de dix ans, je peux affirmer que nous avons accepté nos vies sans la présence physique d’Eric, mais nous sommes très spirituels et nous le ressentons souvent présent parmi nous. Nous croyons qu’il veille sur nous quotidiennement, nous garde en sûreté et en santé et s’arrange on ne sait comment pour que les choses se déroulent bien au bout du compte. Je suis celle qui en est surtout reconnaissante, puisque le fait d’être l’unique parente d’un garçon actif de treize ans me pousse souvent à retarder les choses jusqu’au dernier moment et à être véritablement optimiste.
Je sais qu’Eric a aussi joué un rôle dans l’établissement, au fil des ans, des liens et des relations que nous avons forgés avec ses enfants plus âgés. J’apprécie réellement le temps que nous avons passé ensemble, leur amour envers leur frère cadet, et le respect qu’ils m’accordent.
Même si la vie n’a pas suivi le plan que je lui avais tracé, et que j’adorerais pouvoir changer les choses pour qu’Eric soit toujours parmi nous, je suis grandement reconnaissante et je chéris chacun des moments que j’ai pu vivre auprès de lui. Je ressens également beaucoup de gratitude pour tous ces gens qui sont entrés dans ma vie pendant ce périple de perte, de chagrin et de survie, les autres veuves et veufs, les mères et les pères et les enfants des défunts. Sans aucun doute, mon parcours a été adouci par leur présence dans ma vie, puisque personne ne peut réellement comprendre ce que l’on traverse à moins d’être passé soi-même par le même chemin. J’ai acquis plusieurs amis très proches entrés dans ma vie tels des anges, toujours à mes côtés, me tenant par la main et songeant toujours au bien de notre famille. Enfin, je serai éternellement redevable à ma famille en bleu, ici à Ottawa mais aussi à travers le pays et même aux États-Unis. Dès les premiers instants où je suis entrée à l’hôpital, sachant déjà qu’Eric était mort, et depuis lors, on m’a traitée avec le plus grand soin, avec beaucoup d’amour, et une compassion sans précédent.
Je sais que bien des membres de la Police d’Ottawa et du Service paramédic d’Ottawa furent affectés profondément et à jamais par les événements de cette nuit glaciale et fatidique. En un instant, il s’est formé entre nous un lien et un cercle de soutien. Nous prenons la peine de nous réunir au moins un fois l’an pour nous remémorer Eric, mais aussi pour nous réconforter et nous abreuver à nos forces vives. Partout où va notre famille, nous trouvons de merveilleux et compatissants frères et sœurs en bleu, car c’est dans une famille incroyable que nous sommes entrés le jour où Eric est devenu agent de police. Nous serons éternellement reconnaissants et fiers d’être toujours inclus, considérés et soutenus.
~ Anna Korutowska