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De réfugié vietnamien à agent de la Police d'Ottawa: l'agent Phong Le se souvient de la gentillesse qui l'inspira à se tourner vers une carrière au service de sa collectivité
Ma mère, ma sœur et moi, comptions parmi les « réfugiés de la mer » qui vinrent au Canada en provenance du Vietnam en 1979. Nous n'étions que trois parmi des centaines de milliers de gens fuyant le communisme par la Thaïlande à la recherche d'une vie meilleure. Le Projet 4000 fut appuyé par l'ex-mairesse d'Ottawa, Marion Dewar.
Ma mère souhaitait donner une meilleure vie à ma sœur et moi, craignant l'incertitude du communisme. Nous avons dû laisser mon père derrière nous. Mon grand-père et lui furent prisonniers de guerre pendant 13 ans. J'avais six ans. Les derniers mots que m'a dits mon père furent : « écoute ta mère », puis ce fut notre baiser d'adieu, je sentais sa barbe contre mon visage. On ne s'est plus jamais revus ou reparlés.
Nous avons passé six mois dans un camp de réfugiés, vivant dans des tentes en Thaïlande. Lors des gros orages, ma mère et ma tante, tour à tour, balayaient les asticots des trous qui nous servaient de toilettes. Nous avons choisi de venir au Canada parce que l'attente pour entrer aux États-Unis aurait été trop longue. Que ma tante soit placée à Ottawa nous a aussi aidé.
Nous sommes arrivés en hiver. J'étais en culottes courtes à l'époque. Du point de vue d'un enfant, c'était un nouveau départ, ce qui n'était pas le cas pour une mère célibataire avec deux jeunes enfants, sans emploi ni argent, ne parlant pas l'anglais. Ma mère est mon idole! Je ne pouvais imaginer à quel point elle devait avoir peur, si brave, sacrifiant tout pour ses enfants.
Ma mère obtint un diplôme au Collège Algonquin, se qualifiant pour un travail d'assemblage de pièces électroniques. Elle travailla pour Mitel pendant 20 ans, à plusieurs trajets d'autobus d'où nous habitions au centre-ville. Entre les heures de travail supplémentaires et le long trajet d'aller-retour, ma sœur et moi étions souvent seuls à la maison. Nous allions à l'école et rentrions à la maison, soucieux de ne pas faire remarquer que nous n'étions pas supervisés. Ma mère fit de son mieux, et encore aujourd'hui, je la remercie de tout ce qu'elle fit pour nous.
Notre histoire passe « du luxe à la misère », puisqu'au Vietnam, nous étions à l'aise. Mon grand-père était membre du Congrès et colonel dans l'armée. Mon père était pilote, c'est tout ce que je me souviens de lui.
Lorsque j'étais en 4e ou 5e année, j'étais tout excité à l'idée d'aller au camp d'été, ne sachant pas que cela coûterait de l'argent. Mon professeur d'anglais langue seconde me remit un chèque à apporter à la maison. Je le remis à ma mère, qui fit un chèque au même montant et les fit rapporter les deux à l'école. Mon professeur dit : « non, c'est pour toi ». Connaissant notre situation, mon professeur, M. Johnson, était disposé à payer pour moi de sa poche.
Je l'ignorais alors, mais ce geste de bonté a contribué à faire de moi qui je suis aujourd'hui. Je n'ai jamais oublié son acte de gentillesse. Je n'avais pas beaucoup de jouets ou de « choses » quand j'étais petit, mais j'avais une mère qui a tout sacrifié et qui m'aimait sans réserve. J'ai appris très jeune à m'adapter et à travailler fort, et c'est de ma mère que je tiens ma conscience professionnelle.
On me poussait vers une carrière en ingénierie, mais j'ai suivi les traces de mon père et de mon grand-père. Alors que tous les autres membres de ma famille étaient soit programmeurs informatiques ou ingénieurs, j'ai opté pour les sciences sociales à l'Université d'Ottawa, estimant que cela me donnerait l'occasion d'aider les gens. Ma mère ne fut pas contente de ma décision, mais elle m'appuya du début à la fin.
J'ai travaillé à Newbridge Networks dans le cadre d'un programme d'alternance travail-études, puis à temps plein pour cette société multimilliardaire. Même à l'époque où je travaillais chez Newbridge, j'envisageai déjà changer de métier pour entrer dans la police. Ma famille trouvait que je renonçais à bien des choses pour devenir policier, mais j'aspirais à en faire ma carrière.
C'est en décembre 2003, à l'âge de 29 ans, que j'ai entamé ma carrière au sein du Service de police d'Ottawa, patrouillant les rues d'Ottawa Sud. Aujourd'hui encore, j'ai beaucoup d'admiration et de respect à l'égard des agents œuvrant en première ligne.
J'ai eu de la chance de pouvoir évoluer au sein de diverses unités du Service de police d'Ottawa. Je suis actuellement affecté au Programme jeunesse en tant qu'agent scolaire. J'adore travailler auprès des jeunes à cause des possibilités d'accomplir des changements; je ne parle pas forcément de changer les jeunes, mais surtout de leur proposer une autre perspective par la voie de la sensibilisation. J'estime que les jeunes ne sont disposés à écouter les adultes, et les policiers, que lorsqu'ils ont acquis leur confiance. Développer cette confiance exige du temps et de l'engagement par les échanges et les contacts avec les jeunes, à leur propre niveau.
Je me souviens d'un élève qui avait fait de mauvais choix et j'ai pris de ses nouvelles au fil de plusieurs mois. Il se débrouillait bien, et je lui ai remis une planche à roulettes neuve. Il se demandait pourquoi je lui faisais un tel cadeau, ses échanges avec la police ayant jusque-là été négatifs. Je lui répondis: on ne peut pas toujours choisir ses circonstances, mais il y a des gens qui sont prêts à nous aider à les prendre en main.
Chaque fois que j'échange avec le public, je traite tout le monde de la manière dont je souhaiterais qu'une personne en situation d'autorité traite mes propres enfants. Je suis heureux d'élever ma famille au sein de la collectivité dont je suis au service. J'adore mon métier, mais à moins de l'exercer soi-même, il est difficile de comprendre à quel point être policier peut peser lourd sur vous et votre famille.
Il y a beaucoup de négativité à l'endroit de la police dans les médias et les médias sociaux, ce qui rend notre travail plus difficile. En tant qu'agent de police, je souhaite que les membres de la collectivité décident de ce qu'ils pensent de moi en fonction de mon comportement devant eux, en leur présence.
Je fais partie du Service de police d'Ottawa depuis dix-huit ans. Je suis époux, père, frère et fils-devenu-fournisseur de soins essentiels. Je porte plusieurs chapeaux et celui de policier n'en est qu'un. Je suis fier d'endosser mon uniforme chaque jour pour servir ma collectivité d'adoption, mais également en reconnaissance des braves policiers qui l'on fait avant moi et pour perpétuer ce qu'ils ont accompli.